Bouhachem : Valorisation des savoir-faire traditionnels et conservation de la biodiversité

Dans les montagnes du Rif, le parc naturel de Bouhachem incarne un patrimoine écologique et culturel exceptionnel. Cependant, cet écosystème délicat est soumis à de nombreuses pressions telles que la dégradation des sols, l’abandon des pratiques agricoles traditionnelles et l’épuisement des ressources naturelles. Pour faire face à ces problèmes, l’association Conservation du Macaque de Barbarie dans les Montagnes du Rif (BMCRif) a développé le projet intitulé « Préservation et valorisation des patrimoines et des savoir-faire traditionnels du parc Bouhachem » dans le but d’intégrer la conservation de la biodiversité et le développement socio-économique durable.

Allier tradition et innovation pour une conservation durable

Le projet s’articule autour de trois grands objectifs qui visent à allier préservation de l’environnement et développement socio-économique. Le premier d’entre eux consiste à maintenir les agrosystèmes traditionnels, qui constituent un élément essentiel dans l’équilibre écologique du parc. Bien qu’en déclin, les pratiques ancestrales qui leur sont associées restent déterminantes pour la conservation de la biodiversité et la gestion durable des ressources naturelles. 

L’association BMCRif a soutenu dans la région la création de deux coopératives agricoles, afin d’accompagner les agriculteurs locaux dans la valorisation de leurs produits du terroir. Ces coopératives jouent un rôle central dans l’amélioration des débouchés commerciaux en promouvant des productions issues de pratiques durables et respectueuses de l’environnement.

Grâce au financement du programme TransCap, l’association a mis en place des outils concrets pour renforcer la visibilité des coopératives: étiquetage soigné, emballages adaptés, points de vente locaux et participation à des marchés régionaux. L’ensemble de ces efforts vise à garantir une meilleure reconnaissance des produits auprès des consommateurs, tout en assurant un revenu équitable aux producteurs.

Dans cette dynamique, des cultures à forte valeur ajoutée comme le safran ou le laurier ont également été introduites. Elles offrent aux agriculteurs une alternative durable pour diversifier leurs revenus, tout en s’intégrant harmonieusement aux paysages naturels que le projet cherche à préserver.

Cette approche contribue à redonner de la valeur aux savoir-faire locaux, tout en inscrivant l’agriculture dans une logique de durabilité, au service des communautés rurales et de la protection des écosystèmes.

Former et accompagner les communautés locales

Depuis le lancement du projet, une grande partie des efforts a consisté à renforcer les capacités des agriculteurs et des femmes de la région. Au total, ont été formés 60 agriculteurs et 45 femmes sur les techniques agroécologiques, incluant entre autres la culture du saffran, l’arboriculture, l’apiculture et la gestion des ressources naturelles. Les sessions de formation ont permis de former les participants aux pratiques en agriculture écologique et en valorisation des produits locaux, en les permettant ainsi de mieux exploiter les ressources du parc de Bouhachem et de mieux préserver son équilibre. De plus, l’apprentissage de techniques de plantation adaptées aux spécificités du territoire a favorisé l’optimisation des rendements tout en préservant les écosystèmes. En parallèle, il a été tout aussi important de transmettre des savoirs traditionnels, afin que les communautés locales puissent revitaliser les savoirs ancestraux et les croiser avec des solutions plus innovantes. 



Un modèle d’agrotourisme au service du développement local

Afin garantir des débouchés pour les agriculteurs et valoriser les produits issus des cultures locales, des circuits de commercialisation ont été mis en place avec plusieurs acteurs de la région, permettant d’accroître la visibilité des produits du terroir désormais distribués dans des points de vente stratégiques de la région, notamment au Royal Yachting Club de marina de M’diq, au Marché des produits des coopératives de Fnideq, à la porte de Ceuta, ainsi que dans la petite station balnéaire de Martil plébiscitée par les vacanciers. Dans cette continuité,  un modèle d’écotourisme responsable a été mis en place, associant les savoir-faire locaux à une approche durable du tourisme. Ce modèle met en valeurles richesses naturelles et culturelles du parc de Bouhachem, tout en générant des retombées économiques concrètes pour les communautés locales. Il contribue ainsi de manière significative à la vitalité de l’économie rurale, tout en promouvant une relation harmonieuse entre développement économique et préservation de l’environnement.

Vers une agriculture durable et une biodiversité préservée

Les premiers résultats du projet sont prometteurs : en associant conservation de la nature et développement économique, l’association BMCRif offre aux populations locales une alternative concrète à l’exploitation intensive des ressources naturelles. Ces initiatives pourraient désormais i être étendues à d’autres régions, avec un accompagnement renforcé des agriculteurs, afin de favoriser l’adoption de modèles encore plus résilients face aux défis climatiques et économiques. 

Comme le souligne le président de l’association : 

« Ce projet constitue une véritable opportunité pour les populations locales, qui retrouvent ainsi leurs traditions agricoles tout en intégrant les enjeux actuels. Grâce à l’agroécologie, nous préservons la biodiversité tout en améliorant les conditions de vie des habitants. »

Le projet de l’association BMCRif  est mis en œuvre et financé dans le cadre du programme TransCap, coordonné par le Centre de Coopération pour la Méditerranée de l’UICN (UICN-Med) et financé par la Direction Générale de Coopération des Iles Baléares. Le programme TransCap vise à consolider le rôle des Organisations de la Société Civile (OSC) face aux défis actuels liés à la conservation de l’environnement et au développement durable des communautés méditerranéennes marocaines et tunisiennes.

👉Pour en savoir plus sur les associations bénéficiaires du programme TransCap : https://mubadarat-uicn.org/projets/#TransCap 

👉Pour en savoir plus sur nos initiatives et notre engagement envers les OSC en Afrique du Nord , consultez : https://linktr.ee/mubadaratbyiucn