La région rurale de Hezma dans le gouvernorat de Médenine au sud de la Tunisie est l’une des régions les plus soumise à la dégradation des terres agricoles et à la baisse de la pluviométrie. Pourtant son économie principale reste l’arboriculture et de plus en plus de familles migrent de la région, victimes de la perte de productivité des terres.
Pour s’adapter aux conditions arides du milieu, l’association de développement et des études stratégiques de Médenine (ADES), a eu recours aux anciennes traditions des Majels et Fesguiya pour la collecte des eaux de pluie et animer les jeunes agriculteurs à reprendre la production de leurs oliviers.
Majel et Fesguiya sont des citernes souterraines héritées des civilisations byzantines, romaines ou encore berbères qui étaient déjà présentes dans les milieux arides et ont réussi à s’adapter au déficit hydrique. Par un système de récupération de l’eau de pluie et de stockage dans le sol, ces citernes contiennent suffisamment d’eau pour alimenter les cultures à faible demande hydrique tels les oliviers et amandiers. Malgré la pertinence de ces constructions, elles se sont dégradées par le laisser-aller des cultures. En 2023, l’Etat a publié un décret de l’octroi de crédits sans intérêts pour leur construction, mais leur coût reste important pour les jeunes agriculteurs.
C’est pourquoi l’association ADES a profité d’un financement du programme TransCap d’appui à la Société Civile, pour non seulement réhabiliter des majels, mais également aider les familles avec la plantation de 100 arbres et une irrigation d’appoint.
Avec ce projet pilote, l’association aspire à faire prendre conscience de la nécessité d’une gestion raisonnée des ressources hydriques et de conservation du sol. Alors que le pays souffre d’une succession de déficit pluviométrique, la surexploitation du sol et mise en place de cultures maraichères fort demandeuses d’eau ne fait qu’augmenter la crise des agriculteurs. Se tourner vers les pratiques des anciennes populations ayant fait face au même défit, représente une alternative aux migrations urbaines et devrait être promue à l’échelle nationale.
Ce projet a été mis en œuvre de 2022 à 2023 dans le cadre du programme TransCap2 coordonné par l’UICN-Med et financé par la Direction Générale de Coopération des Iles Baléares.