Les zones humides sont des écosystèmes où l’eau est le principal facteur contrôlant l’environnement et la vie végétale et animale qui y est associée.  Bien qu’elles ne couvrent qu’environ 6 % de la surface terrestre, 40 % de toutes les espèces végétales et animales vivent ou s’y reproduisent.

En plus de l’habitat qu’elles procurent, les services écosystémiques qu’elles fournissent tels que la régulation de l’eau, notamment la lutte contre les inondations et la purification de l’eau, sont essentiels pour la survie des populations face aux défis climatiques actuels.

Et pourtant, il est regrettable de constater que les zones humides font également partie des écosystèmes dont le déclin, la perte et la dégradation sont les plus rapides, trois fois plus vite que les forêts et constituent l’écosystème le plus menacé de la planète. Une des premières raisons de cette tendance, est leur perception erronée comme friches, plutôt que comme sources fertiles d’emplois et de services écosystémiques essentiels. Un défi majeur consiste à changer les mentalités afin d’encourager les États et les communautés à les valoriser et à mettre en avant.

C’est toute la mission de l’association AREMS en Tunisie, bénéficiaire du PPI OSCAN 3 pour son projet de conservation des deux zones humides de Sabkhet Halk el Menzel (SHM) et Oued Essed (OEs), situées dans le sahel nord de la Tunisie. Situées sur l’axe de migration d’Afrique-Eurasie, ces zones humides représentent une aire de passage ou de nichoirs essentielle pour l’avifaune tel les flamands, les cormorans, les limicoles, etc.

Malgré leur statut de conservation, ces zones subissent de nombreuses pressions liées à l’expansion urbaine et l’augmentation des décharges solides. Un manque de sensibilisation et de revenus de la population locale a également entraîné la pratique du braconnage et un manque de valorisation des sites.

©AREMS

Faces à ces menaces anthropiques, l’association met en place une approche participative avec les acteurs locaux pour garantir une prise de conscience locale de l’importance des deux zones humides. Ces derniers mois, elle a organisé plusieurs visites guidées des sites avec les étudiants et représentants des institutions concernées pour leur démontrer la richesse de la faune locale et les menaces présentes. L’association a également invité les étudiants de la faculté des sciences de Monastir, des masters en chimie et environnement pour présenter les impacts des eaux épurées rejetées sur la zone humide.

Dans le cadre du projet, un échantillonnage sur la qualité de l’eau a été réalisé pendant 3mois. Les résultats ont montré une augmentation significative de la salinité de l’eau, des matières en suspensions provenant des rejets des eaux épurées, et de la teneur en nitrate. Cette modification chimique de l’eau n’altère pas uniquement ses services écosystémiques, mais entraînent également de fort changements dans les populations des oiseaux. L’association espère avec ces résultats pouvoir plaidoyer pour une meilleure protection de la zone.

©AREMS

Ce projet est réalisé dans le cadre du PPI OSCAN 3, coordonné par le Centre de Coopération Méditerranéenne de l’UICN et cofinancé par le Fonds Français pour l’Environnement Mondial, la Fondation Mava et la Fondation Sigrid Rausing Trust. Pour en savoir plus sur les 27 projets PPI OSCAN 3 en Libye, au Maroc et en Tunisie :5.Projets – MUBADARAT (mubadarat-uicn.org)