Atelier de concertation sur la pêche durable à Al Hoceima Maroc

Un atelier sur la pêche durable s’est déroulé le 16 mai 2025 à Al Hoceima, dans le cadre du projet « Contribuer à l’amélioration des conditions de vie des habitants du douar de Bades », mis en œuvre par l’Association AZIR pour l’Environnement

Coorganisé par AZIR pour l’Environnement, en partenariat avec l’Institut National de Recherche Halieutique (INRH), le Département de la Pêche Maritime, et la Chambre des Pêches Maritimes de la Méditerranée (CPMM), cet atelier s’inscrit dans le cadre du programme TransCap 3, coordonné par l’UICN Med et financé par la Direction Générale de Coopération des Îles Baléares.

L’événement a réuni plus de 30 participants, issus de l’administration publique, de la société civile, des collectivités locales, du monde académique et des médias, autour d’un objectif commun : améliorer les conditions de vie des pêcheurs artisanaux de la province d’Al Hoceima, tout en contribuant activement à la préservation des ressources marines.

Une rencontre essentielle face à l’urgence environnementale

Lieu de mémoire et de subsistance, le port d’Al Hoceima a toujours été au cœur de l’identité locale. Mais aujourd’hui, la mer qui a façonné cette ville est en péril. Surpêche, pollution, destruction des habitats marins, interactions avec certaines espèces comme le grand dauphin, impacts du changement climatique : le constat est sans appel. L’atelier visait justement à dresser un diagnostic partagé de ces menaces et à co-construire des pistes d’actions viables.

« Notre mer ne peut plus attendre. La pêche durable est une nécessité, pas une option », a déclaré Mohamed El Andalossi, président de l’Association AZIR, en ouvrant la journée.

Cinq interventions pour éclairer les enjeux

Tout au long de la matinée, cinq interventions clés ont permis d’éclairer les nombreux défis liés à la durabilité de la pêche dans la région d’Al Hoceima, en croisant les regards scientifiques, institutionnels, socio-économiques et citoyens.

Dr Najib El Ouamari, chef du centre INRH de Nador, a dressé un constat sans appel : plusieurs espèces marines sont aujourd’hui surexploitées et les écosystèmes marins locaux sont sous pression. Il a proposé des mesures concrètes, telles que la réduction de l’effort de pêche et la mise en place de périodes de repos biologique, indispensables à la régénération des stocks.

De son côté, Salah Eddine Rachidi, délégué des pêches maritimes à Al Hoceima, a rappelé l’importance de faire appliquer les réglementations existantes. Il a également souligné le potentiel de l’aquaculture comme alternative durable, capable d’offrir à la fois sécurité alimentaire et perspectives économiques.

Le chercheur Zakayae Koubaa a apporté un éclairage socio-économique précieux, en pointant du doigt les freins actuels à la durabilité : manque de coordination entre les acteurs, précarité des petits pêcheurs, déficit d’information et de sensibilisation. Il a aussi proposé plusieurs pistes d’action pour améliorer la situation de manière réaliste et progressive.

Mohamed El Andalossi, président de l’Association AZIR, est revenu sur les bénéfices concrets de la pêche responsable. Il a partagé des exemples inspirants d’aires marines protégées ayant permis de restaurer la biodiversité locale et de renforcer la résilience des communautés de pêcheurs.

Enfin, une séance participative a donné la parole aux premiers concernés : les professionnels du secteur. Dans une ambiance constructive, les pêcheurs ont exprimé leurs inquiétudes, partagé leurs vécus et contribué activement à la formulation de recommandations pratiques pour une gestion plus juste et durable de la mer.

Vers une pêche durable : des propositions concrètes et inclusives

Lors de l’atelier, plusieurs recommandations majeures ont été adoptées afin de renforcer la durabilité du secteur de la pêche dans la région. Il a été souligné qu’il est essentiel que l’organisation régulière d’ateliers des parties prenantes et de concertation entre l’ensemble des acteurs concernés soit poursuivie. La mise en place de programmes de formation continue destinés aux pêcheurs, portant notamment sur la surveillance environnementale et la gestion durable des ressources, a également été recommandée. Par ailleurs, la confection et l’immersion de récifs artificiels ont été proposées comme mesures concrètes visant à limiter le chalutage illégal. L’application rigoureuse de la réglementation en vigueur a été identifiée comme un axe prioritaire, accompagnée par la mise en œuvre de campagnes de sensibilisation ciblant pêcheurs, consommateurs, restaurateurs et points de vente, afin de promouvoir le respect des tailles minimales légales des espèces pêchées. Afin d’améliorer la communication et la sensibilisation, il a été préconisé que des contenus audiovisuels multilingues adaptés aux différents publics locaux soient développés.

Enfin, la création d’un comité technique régional permanent a été proposée ; ce comité, rassemblant pêcheurs, chercheurs, représentants des administrations publiques et collectivités territoriales, serait chargé d’initier un processus de concertation durable. Il aurait pour mission d’élaborer un projet d’aire marine protégée orientée vers la gestion durable des ressources halieutiques, fondé sur des données scientifiques et tenant compte des spécificités locales. Ces recommandations traduisent une volonté collective d’assurer une gestion équilibrée et durable des ressources marines, en associant étroitement tous les acteurs concernés.

Une mer à préserver pour les générations futures

Cet atelier a révélé bien plus que des chiffres et des règles : il a mis en lumière une véritable dynamique collective et une volonté sincère de faire évoluer les pratiques pour construire un avenir durable. À Al Hoceima, la mer est bien plus qu’une ressource économique, c’est un patrimoine vivant, chargé de culture, de mémoire et d’identité.

Comme l’a partagé un participant : « la concertation est aujourd’hui la clé de la préservation. Notre avenir en matière de pêche dépend de notre capacité à écouter, comprendre et agir ensemble. »

Grâce au programme TransCap 3, il est clair que la transition vers une pêche durable est possible, à condition qu’elle repose sur une gouvernance inclusive, des connaissances scientifiques solides et surtout, l’implication de tous les acteurs locaux. En clôture de l’atelier, les participants ont exprimé leur engagement à continuer de travailler main dans la main, pour transformer ces recommandations en actions concrètes et pour défendre une pêche responsable, respectueuse des pêcheurs comme des écosystèmes, afin de protéger ce précieux patrimoine pour les générations à venir.

Le programme TransCap vise à consolider le rôle des Organisations de la Société Civile (OSC) face aux défis actuels  liés à la conservation de l’environnement et au développement durable des communautés méditerranéennes    marocaines et tunisiennes.


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