Trésors Cachés de la Baie de Malloula :
Soutien à la Pêche Artisanale et Tourisme Durable
À l’extrême nord-ouest de la Tunisie, entre les reliefs verdoyants de la région de Tabarka et les eaux cristallines de la Méditerranée, se cache un joyau écologique encore peu connu : la baie de Malloula. Longtemps ignorée des circuits touristiques classiques, cette baie abrite pourtant une biodiversité marine exceptionnelle, un véritable trésor écologique qui ne demande qu’à être valorisé, protégé… et partagé.
C’est dans cette optique que l’Association TunSea pour la science participative, première plateforme de sciences participatives marines en Tunisie, a lancé un projet innovant et ambitieux, soutenu par le programme TransCap 3 : « Trésors Cachés de la Baie de Malloula : Soutien à la Pêche Artisanale et Tourisme Durable ».
Science, écotourisme et résilience : un projet aux multiples dimensions
L’idée est simple mais puissante : allier connaissance scientifique, implication citoyenne et développement local. TunSea, en étroite collaboration avec les communautés locales — pêcheurs, femmes, jeunes — s’est donné pour mission d’étudier l’écosystème unique de la baie, de cartographier ses habitats, de recenser ses espèces marines… tout en créant une activité économique durable et respectueuse de l’environnement : le snorkeling écoresponsable.
Grâce à ce projet, 2 sentiers sous-marins de différentes difficultés ont été créés, balisés et testés pendant l’été. Désormais, en plongeant dans les eaux de Malloula, les visiteurs peuvent non seulement admirer la richesse de ses fonds marins, mais aussi apprendre à reconnaître les espèces locales grâce aux panneaux de sensibilisation installés le long du parcours.
Une pépinière naturelle aux mille ressources
La baie de Malloula n’a pas été choisie au hasard. Décrite par les chercheurs (Bradai, 2000 ; Baccar, 2007) comme un refuge pour les juvéniles de nombreuses espèces, cette zone est une véritable pépinière côtière qui contribue activement au renouvellement des stocks halieutiques. Parmi les merveilles qui y prospèrent : les herbiers de posidonie, ces forêts sous-marines millénaires qui jouent un rôle vital dans la séquestration du carbone, la stabilisation des fonds, la reproduction des poissons, et bien plus encore.
Le suivi scientifique mis en place dans le cadre du projet a permis d’établir une liste impressionnante de 142 espèces marines et côtières (sur 50 prévues !), et de cartographier 9 habitats distincts avec la participation active de pêcheurs, de femmes et de jeunes de la région.
Vers une aire marine protégée ?
Les résultats de ce travail de terrain confirment l’exceptionnelle richesse de Malloula et renforcent sa candidature potentielle en tant qu’Aire Marine Protégée. En sensibilisant les visiteurs à la valeur écologique et aux services écosystémiques de la baie, le projet contribue aussi à forger une conscience collective autour de la conservation marine.
Des opportunités pour la jeunesse et l’économie locale
Au-delà de la protection de l’environnement, ce projet ouvre de nouvelles perspectives économiques : des jeunes ont été formés comme guides sous-marins, des femmes impliquées dans la valorisation locale des ressources, et les pêcheurs artisans bénéficient déjà d’une fréquentation touristique accrue dans leurs restaurants et auberges. En associant tourisme durable, éducation environnementale et emploi local, le projet agit comme un levier de résilience pour toute la communauté.
Quand le local devient moteur du changement
Le projet porté par TunSea prouve que la science participative, lorsqu’elle est bien ancrée dans les réalités locales, peut devenir un moteur puissant de transformation. Grâce au soutien du programme TransCap, Malloula n’est plus seulement un coin de paradis méconnu : elle devient un modèle d’innovation locale, de gestion durable des ressources marines, et un lieu d’apprentissage vivant pour les générations présentes et futures.