Le palmier a longtemps été le bienfaiteur de l’île de Kerkennah, offrant son bois, sa sève, et ses feuilles pour les besoins variés des habitants. Les pêcheries fixes, appelées Charfia, sont un témoignage de cette dépendance séculaire. Cette technique ancestrale de pêche unique, repose sur la construction annuelle d’une structure fixe à partir de feuilles de palmier. Ces feuilles forment un chemin immergé dans la mer, guidant les poissons vers des chambres de capture où ils sont piégés.

L’importance écologique des Iles de Kerkennah ne peut être ignorée. En tant que réserve naturelle depuis 2012, l’archipel abrite une biodiversité marine et terrestre unique. Cependant, son potentiel reste largement sous-exploité en raison d’obstacles tels que des problèmes d’infrastructure et de transport. Ces problèmes, accentués par le désintérêt croissant des jeunes générations pour la culture du palmier  remettent en question la préservation de cette tradition, accentuent les risques pesant sur cette technique de pêche, remettant en question son avenir sur l’île.

Les changements socioéconomiques ont conduit à la substitution de matériaux traditionnels par du plastique, du nylon et du fer, menaçant le savoir-faire et la durabilité de la Charfia. Face à l’abandon des cultures du palmier Kerkennien, les pêcheurs de l’île souhaitant préserver la tradition doivent importer des palmes de Bades et assumer les importants coûts de transport.

Pour contrer cette tendance, le projet PPI OSCAN de l’association ORES vise la plantation de 400 jeunes palmiers auprès de familles kerkeniennes. Cette initiative, outre sa contribution à la préservation du patrimoine, crée des opportunités d’emploi et stimule le secteur socio-économique local.

Les actions de l’organisation pourront ainsi renforcer l’entrepreneuriat féminin, tandis que la plantation de variétés locales réduit la dépendance aux importations de palmes depuis d’autres régions. De plus, soutenir les pêcheurs locaux en restaurant leurs Charfia tous les quatre mois contribue à maintenir une pratique respectueuse de l’environnement.

Ce projet est mis en œuvre dans le cadre de la troisième phase du Programme de Petites Initiatives pour les OSC d’Afrique du Nord (PPI OSCAN), coordonné par le Centre de Coopération pour la Méditerranée de l’UICN, et financé par le Fonds Français pour l’Environnement Mondial (FFEM), la Fondation MAVA et la Fondation Sigrid Rausing Trust. Les projets subventionnés visent à la conservation des espèces et écosystèmes présentant une biodiversité remarquable, et à la valorisation des bénéfices de la conservation et moyens de subsistance durable. Pour en savoir plus sur les projets PPI OSCAN 3 : 5.Projets – MUBADARAT (mubadarat-uicn.org).