Les iles de Kerkennah, un archipel tunisien en Méditerranée bien connu pour ses plages et couchés de soleil, abrite également les vestiges d’une méthode de pêche connue depuis l’Antiquité ; la Charfiya.

La charfiya est une méthode de pêche fixe qui consiste à dresser des murs de palmes fichées dans le fond marin, dans lesquelles les poissons, entrainés par la marée descendante, s’engouffrent, puis dans des filets ou des nasses et ne peuvent plus en ressortir. Contrairement à la pêche au chalut qui racle les fonds marins, les poissons sont pêchés vivants au moment de la levée et peuvent ainsi être relâchés s’ils ne répondent pas aux normes. Selon la coutume, la charfiya est installée et utilisée entre l’équinoxe d’automne et le mois de juin pour permettre à la faune marine de se régénérer.

En plus d’être une technique de pêche, la charfya est également une pratique sociale qui fait partie de la culture des kerkenniens, la préparation des palmes représente un moment de partage entre les femmes et pêcheurs et représente un savoir transmis de familles en familles. Les parcelles ainsi délimitées par les palmes sont également reconnues comme des propriétés foncières maritimes qui appartiennent aux familles de pêcheurs des îles.

Cette tradition étant typique aux iles Kerkennah, pour la conserver, la pêche à la charfiya a été inscrite en 2020 par l’UNESCO sur la Liste représentative du patrimoine culturel immatériel de l’humanité.

Le projet PALMKER

Conscient des défis posés sur l’île par l’exode rural et la migration des jeunes, l’Association Tunisienne de Taxonomie ATUTAX met en place depuis octobre 2022 un projet de revalorisation de la culture des palmerais auprès des jeunes et des femmes.

En effet le palmier perd peu à peu sa place dans le mode de vie des kerkenniens, l’absence de programmes d’amélioration et gestion des palmeraies et la raréfaction de la main d’œuvre spécialisée, ont entrainé une dégradation et perte de biodiversité au sein des cultures. Le remplacement des nasses traditionnelles par des nasses en plastiques, souvent abandonnées dans la mer, est également un facteur de ce changement.

L’association travaille ainsi sur plusieurs axes de valorisation du palmier avec les familles de l’île:

©Crédit photos: ATUTAX

Ce projet est mis en oeuvre dans le cadre du Programme TransCap d’appui à la Société Civile au Magreb, financé par la Direction Générale de Coopération des Iles Baléares. Pour en savoir plus sur les projets TransCap: 5.Projets – MUBADARAT (mubadarat-uicn.org)